La paire EUR/USD poursuit sa chute, franchissant tous les niveaux de support en cours de route. Actuellement, l'instrument essaie de se consolider en dessous de 1,0530, ce qui correspond à la ligne inférieure de l'indicateur des Bandes de Bollinger sur l'échelle de temps d'un mois. Une fois cet objectif atteint, cela ouvrirait la voie vers le prochain niveau de support à 1,0450 (la ligne Kijun-sen sur le graphique mensuel). À partir de là, il ne resterait plus que 450 pips avant la parité.

Étant donné la force de la dynamique baissière, atteindre la cible de 1.0000 semble être une question de temps. En somme, depuis la fin septembre, la paire EUR/USD a chuté de près de 700 pips (dont 400 ont été perdus au cours des deux dernières semaines seulement). Avant l'élection de Trump, le contexte fondamental de la paire était relativement mitigé, permettant aux acheteurs d'EUR/USD de lancer des rallyes correctifs conséquents. Cependant, le tableau fondamental actuel favorise massivement le dollar américain. L'euro est à la traîne de la monnaie cotée, alourdi par les nuages qui s'accumulent sur Bruxelles.

La force du dollar découle de deux facteurs principaux. Le premier est la politique de l'administration Trump alors qu'il assemble son équipe en vue de sa prise de fonctions. Le second facteur est l'inflation aux États-Unis.

Le rapport sur l'indice des prix à la consommation (CPI) d'octobre, publié hier, a efficacement soutenu le dollar en montrant une accélération ou une stabilisation des taux d'inflation annuels. L'indice des prix à la consommation global s'est établi à 2,6% en glissement annuel, conformément aux prévisions de la plupart des experts. Ce chiffre avait diminué pendant six mois consécutifs, mais a accéléré en octobre pour la première fois depuis mars de cette année. Le CPI sous-jacent, excluant les prix des aliments et de l'énergie, était à 3,3% (également en ligne avec les attentes des analystes), cohérent avec le chiffre de septembre. La structure du rapport indiquait une hausse de 2% des prix du gaz naturel, et le taux de baisse des prix de l'énergie aux États-Unis a ralenti le mois dernier : les prix ont chuté de 4,9% en glissement annuel, comparé à une baisse de 6,8% en septembre.

En réponse à cette publication, l'indice du dollar américain s'est stabilisé autour de 106, atteignant un pic de sept mois. Aujourd'hui, l'indice a continué sa tendance haussière, atteignant un nouveau sommet annuel de 106,87 (le niveau le plus élevé du DXY depuis octobre 2023). Pendant ce temps, la paire EUR/USD a atteint un nouveau plus bas de 13 mois.

Fait intéressant, le rapport sur l'inflation a renforcé la confiance du marché que la Réserve fédérale réduirait le taux d'intérêt de 25 points de base lors de sa réunion de décembre. Avant le rapport, ce scénario avait une probabilité de 64%, mais après la publication, les chances ont grimpé à 83% (selon l'outil CME FedWatch). Cependant, la probabilité d'une pause lors de la réunion suivante en janvier a également augmenté, approchant presque 70%.

Ces conclusions découlent probablement du fait que le rapport sur l'inflation était complètement en ligne avec le consensus, et les niveaux actuels permettent à la Réserve fédérale une autre diminution des taux en décembre. Cependant, une réduction de 25 points est partiellement intégrée (considérant la rhétorique de Powell lors de la réunion de novembre). Ainsi, la probabilité accrue d'un assouplissement monétaire lors de la réunion finale de 2024 n'a pas eu d'impact négatif sur la devise américaine. En effet, aux côtés de la confiance dans une diminution en décembre, la certitude grandit sur le marché qu'à partir de l'année prochaine, le processus d'assouplissement ralentira ou s'arrêtera entièrement (un scénario de hausse des taux n'est pas encore à l'ordre du jour).

En d'autres termes, le marché reconnaît que le rapport de croissance du CPI d'octobre permet à la Fed de réduire les taux d'intérêt en décembre. Cependant, les traders ne peuvent ignorer l'accélération réelle de l'inflation globale, la stagnation de l'inflation sous-jacente, et les risques inflationnistes croissants associés à la future Trumponomics 2.0.

Dans ce contexte, le discours d'aujourd'hui du président de la Fed, Jerome Powell, qui participera à une conférence économique à Dallas à 15h00 heure de l'Est, revêtira une importance particulière. Une session de questions-réponses suivra son discours, promettant des informations précieuses. Si Powell mentionne à nouveau une éventuelle pause lors des prochaines réunions, le dollar américain recevra un soutien supplémentaire, et la paire EUR/USD pourrait tester la cible de 1.0450.

Dans l'ensemble, le contexte fondamental continue de favoriser le dollar refuge. Trump a nommé les "faucons" de Floride Ulrich et Rubio à des postes clés de la politique étrangère, signalant une possible guerre commerciale avec la Chine, et la Chambre des représentants est officiellement passée sous contrôle républicain (avec une majorité de 218/208 après dépouillement des voix). De plus, l'inflation globale aux États-Unis s'est accélérée tandis que l'inflation de base stagne. Dans ces conditions, seules les positions courtes sur la paire EUR/USD demeurent viables en raison de la domination du billet vert.

Techniquement, la paire EUR/USD est positionnée sur la ligne inférieure des bandes de Bollinger sur toutes les principales unités de temps (H4 et au-delà) et en dessous de toutes les lignes de l'indicateur Ichimoku, ce qui signale une priorité pour les positions courtes. La cible la plus proche est 1.0450 (la ligne Kijun-sen sur l'unité de temps mensuelle).